C’est un devoir de français (hé oui il n’y a pas d’âge pour reprendre ses études) qui m’a inspiré cet article. Alain Yvergniaux , économiste français ,ancien conseiller régional de Bretagne, président de la Commission du développement économique, mais aussi délégué à l’Économie sociale solidaire soutient l’idée dans l’un de ses écrits que “la société est anxiogène”.
De plus en plus de reportages sur le mal-être au travail ou plus largement le mal-être en société sont proposés dans nos médias. Les pratiques de méditations sont devenues une mode ces dernières années et il suffit de parcourir les rayons “bien-être et développement personnel” d’une librairie pour se rendre compte qu’en effet s’il y a de l’offre c’est qu’il y a de la demande ! Comment ne pas partager l’idée que soutient Alain Yvergniaux ?! Elles sont légion les raisons qui mènent à conclure que la société est anxiogène. Je vous propose ici mon point de vue et si dans un premier temps je rejoins cet avis, il me semble bon d’apporter quelques nuances qui pourraient permettre d’envisager que nous ne sommes atteignables que si nous sommes disposés à l’être.
De quoi être anxieux !
L’anxiété revêt différentes formes, mais reste un état naturel et normal chez l’être humain que ce soit de simples inquiétudes jusqu’au stress chronique. Elle peut provoquer quelques désagréments physiques et psychologiques. À un degré plus élevé, elle peut donner lieu à des angoisses, phobies ou autres troubles d’anxiété généralisée etc… Nous apprenons dès le plus jeune âge qu’il faut être performant, bien noté, on compare nos qualités, nous évoluons dans un système de punition récompense, celle ou l’on vous montre du doigt quand vous sortez du rang…
Cette société où le diplôme prime parfois sur le savoir-faire ou pire sur le savoir-être et disons-le clairement une société anxiogène ! Il faut réussir pour être quelqu’un et comme disait Jacques Séguéla : “Si tu n’as pas de Rolex à 50 ans, tu as raté ta vie ! ” Il n’en faut pas plus alors pour fertiliser un terrain propice à l’anxiété. La société c’est aussi le noyau familial où, là aussi, les attentes sont génératrices de stress.
De plus, le flot incessant d’informations relatant les malheurs du monde, guerres, pollutions, misère et faits divers nourrissent nos esprits fragiles qui finissent alors, sans même que l’on s’en aperçoive, par saturer. Cette overdose de nouvelles inquiétantes contribue bien sûr aux états dépressifs et émotionnels difficiles à gérer. Heureusement, ou pas, les pilules anesthésiantes tout en faisant le bonheur des laboratoires pharmaceutiques nous bercent d’illusions sur notre santé mentale et physique.
De son côté, Alain Yvergniaux exprime l’idée que le chômage, l’idéologie libérale d’après-guerre axée sur le profit immédiat et inspiré des théories de Milton Friedman sont une cause non négligeable à cette société anxiogène. Considérant pour ma part qu’un point de vue n’est jamais une vérité absolue je serais tenté de relativiser cette vision des choses et de mettre un peu de couleurs sur ce tableau noirci. Je peux donc admettre pour la subir encore à quelques occasions que la société soit globalement anxiogène, mais je me demande si nous sommes vraiment obligés de subir cette société !
Faut-il subir la société anxiogène ?
Il me semble qu’il serait juste de dire que la société n’est que la somme de toutes les individualités. Partant de ce principe, il est intéressant de comprendre succinctement de quoi est faite une individualité si l’on veut comprendre ce qu’est la société que je qualifierais alors de ” société commune”.
Je fais partie de ceux qui pensent que chaque individu est à lui seul une société, certaines croyances auxquelles j’adhère partent du principe que nous sommes multiple, que nous avons en chacun de nous un critique intérieur, une victime, un bourreau, un sauveur (cher aux adeptes de l’analyse transactionnelle), un enfant, un parent et même un gouvernement, un ministre des finances, un juge et bien d’autres encore. Vu sous cet angle on peut facilement comprendre que nous puissions être parfois en conflit avec nous-mêmes donc avec les autres ou encore et capables de créer nos propres peurs, nos propres angoisses.
Comme tout un chacun j’ai une expérience de vie plus ou moins heureuse et j’ai parfois eu le sentiment d’être la victime de la “société commune” que je croyais être responsable de bon nombre de mes malheurs. Quoi qu’il en soit, si l’on peut admettre que la société dans laquelle nous vivons est anxiogène rien ne dit que nous sommes obligés de la subir. Il ne s’agit pas évidemment d’être insensible au monde qui nous entoure et de s’en isoler, mais simplement de faire en sorte que celui-ci ne nous influence plus négativement.
Il me semble essentiel d’accepter de se responsabiliser à tous les niveaux et de prendre les choses en main, ne plus être le spectateur passif et souvent plaintif de notre société pour en devenir le membre actif et capable de discernement. Le professeur Henri Laborit neurobiologiste et chirurgien français a eu fait une expérience importante appelée “Inhibition de la peur”. Cette expérience qui impliquait des rats serait longue à expliquer ici, mais elle résume très bien à elle seule les effets d’une société anxiogène donc stressante pour l’être humain.
La conclusion étant que le seul salut pour ne pas subir les effets du stress est de fuir ou de combattre. Fuir ou combattre peut se faire de différentes manières. Par exemple, nous pouvons espérer que chacun prenne le temps de comprendre SA société interne (les multiples parties) permettra de mieux appréhender et vivre la société commune (celle dans laquelle nous vivons tous ensemble) et ainsi nous libérer de nombreuses craintes et anxiétés.
Finalement, comprendre notre propre monde intérieur pour mieux appréhender le monde extérieur me semble être la meilleure chose à faire. S’affranchir et se préserver des mauvais effets de la société commune et simplement l’observer, souvent avec agacement, mais aussi avec le soulagement de ceux qui ne la subissent plus ou en tous cas le moins possible. Cela donne de l’espoir, car si chacun prend soin de réconcilier ses parties et faire que la société qui évolue en soi soit apaisée on peut raisonnablement espérer voir évoluer la société qui nous lie les un aux autres.
Et vous, êtes vous responsable de votre bien-être ? J’attends vos commentaires avec impatience.
Avec toute ma reconnaissance pour votre participation et vos partages.